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Cocaïne : sympathomimétique mais pas si sympathique ! - 04/11/18

Doi : 10.1016/j.therap.2018.09.066 
Céline Eiden , Hélène Peyrière
 Centre d’addictovigilance-CEIP Occitanie Est, département de pharmacologie médicale et toxicologie, hôpital Lapeyronie, CHU Montpellier, 191, avenue du doyen Gaston Giraud, 34295 Montpellier cedex 5, France 

Auteur correspondant.

Résumé

Introduction

La cocaïne est la deuxième substance psychoactive la plus consommée après le cannabis (estimation à 18,2 millions de consommateurs au niveau mondial) [1]. La cocaïne est disponible sous forme de chlorhydrate de cocaïne (poudre) et de cocaïne base (crack). Les deux formes exercent les mêmes actions pharmacologiques une fois qu’elles atteignent les organes cibles (cerveaux ou autres). Ces deux formes diffèrent dans leurs propriétés physiques, qui permettent l’utilisation de différentes voies d’administration. L’usage peut provoquer des complications psychiatriques et somatiques sévères. En août 2017, un message d’alerte rapide sanitaire (MARS) sur l’augmentation du nombre et de la sévérité des intoxications liées à cette consommation a été diffusé aux professionnels de santé.

Méthodes

Une analyse globale et intégrée de l’ensemble des données d’usage et complications issues des outils pharmaco-épidémiologique (NotS : notifications spontanées, OPPIDUM : observation des produits psychotropes illicites ou détournés de leur utilisation médicamenteuse, DRAMES : décès en relation avec l’abus de médicaments et de substances, PMSI : programme de médicalisation des systèmes d’information) a été réalisée dans le contexte du dernier rapport national d’addictovigilance complété par les données récentes de la littérature.

Résultats

Mille quatre-vingt-seize notifications spontanées ont été analysées (46 en 2010, 416 en 2016, soit une augmentation de 510 %). Les utilisateurs étaient principalement des hommes (75 %), avec un âge médian de 35 ans [IQ25–75 : 28–42]. La cocaïne était consommée par voie nasale dans la moitié des cas (51 %, 481 cas), par voie intraveineuse (IV) [31 %, 297 cas] ou inhalée (25 %, 240 cas). La poudre de cocaïne, la forme du crack et la combinaison des deux formes étaient signalées respectivement dans 69 %, 24 % et 7 % des cas, dans un contexte de poly-consommation (deux substances ou plus, hors alcool) dans 45 % des cas. Une consommation simultanée d’alcool était précisée dans 60 % des cas. Les principales complications liées à la consommation de cocaïne étaient les maladies psychiatriques (35 %), les maladies cardiovasculaires (30 %), les maladies neurologiques (27 %), les maladies infectieuses liées à la voie injectable (12 %) et les maladies respiratoires (8 %). Soixante-quatre pour cent des cas nécessitaient une hospitalisation de plus de 24heures.

Concernant le programme OPPIDUM, en 2016, 15,9 % et 2,4 % des sujets inclus consommaient de la cocaïne ou du crack la semaine précédant l’enquête, ce qui correspond au taux le plus élevé depuis 2006. En ce qui concerne le programme DRAMES, les décès liés à la cocaïne ont augmenté de 2014 à 2016. L’analyse du PMSI entre 2008 et 2016 montre une augmentation importante des hospitalisations en relation avec une consommation de cocaïne (+ 107 %).

Conclusion

L’usage de la cocaïne/crack, certainement sous-estimée en terme de conséquences, a considérablement augmenté en France, avec une augmentation des complications rapportées au réseau d’addictovigilance. L’intégration de plusieurs systèmes de détection de signaux et de surveillance tels que NotS, OPPIDUM, DRAMES et l’analyse du PMSI permet une caractérisation de cet usage. Actuellement, il n’existe pas de médicaments de substitution dans la prise en charge de la dépendance à la cocaïne et les rechutes de sevrage mettent en avant la difficulté de cette prise en charge addictologique.

Le texte complet de cet article est disponible en PDF.

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Vol 73 - N° 6

P. 558 - décembre 2018 Retour au numéro
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